Ecrits de notre aumônier

ESPRIT

Chanter pour exprimer l'indicible

C’était le 19 mai à Courtemaîche; ce sera demain à Saignelégier et le 16 juin à Bassecourt: les sociétés Sainte-Cécile du Jura se retrouvent par région pour une fête: célébrer le Seigneur, célébrer l’amitié, célébrer la joie de chanter!
 
Mais qui donc est Dieu? Personne ne l’a jamais vu! En Jésus, né il y a 2019 ans, mort il y a 1986 ans, certains ont reconnu Dieu... et d’autres pas! Après sa mort, ses amis l’ont vu ressuscité, puis, à l’Ascension, il a dispa­ru à tout regard, mais il a laissé aux croyants des «outils» pour entrer en relation avec lui: sa Parole et les gestes de l’Église, qui, en nourrissant leur prière, leur permet de de­meurer en Lui.
 
Même s’il a pris un visage humain àvec une bouche pour parler et des oreilles pour entendre, Dieu reste pourtant l’indicible par excellence, le Tout-Autre. Pour dire Dieu, le chant ajoute du volume à nos mots hu­mains; et la beauté de l’harmonie peut nous faire monter plus haut dans le ciel! C’est ce que souhaitent les sociétés Sainte-Cécile, lorsqu’elles s’engagent dans l’animation des messes dominicales. Que ces fêtes régiona­les les stimulent pour exprimer l’indicible.
 
ABBÉ PIERRE GIRARDIN, Porrentruy
 
2 | Samedi 1er juin 2019 | Le Quotidien Jurassien
 


Article paru dans 'LeBulletin.ch' - Ajoie [Avent-Noël-janvier (Numéro 107)]

Que vivent les Sainte-Cécile de nos paroisses? Histoire, vie et défis avec leur aumônier, l’abbé Pierre Girardin.

Les « Céciliennes » du Jura
La plupart de nos paroisses du Jura bénéficient de la présence d’une «Sainte-Cécile»: une société de chant qui a pour objectif l’animation des célébrations dominicales. Les 52 sociétés «Sainte-Cécile» du Jura sont regroupées dans la «Fédération des Céciliennes du Jura» (FCJ) - voir le site: www.migy.ch/fcj
 
Qui est Sainte Cécile ?
Cécile, issue d’une famille noble romaine, a vécu à Rome vers 200-230. Profondément chrétienne, elle témoigne de sa foi devant ses bourreaux romains qui la pressaient de renier. Rien dans le récit légendaire de sa vie ne permet de lui discerner le titre de «patronne des musiciens», sinon que, au moment d’être décapitée, «Cécile chantait dans son cœur»!
 
Un peu d'histoire des « Céciliennes »
C’est vers le milieu du XIXesiècle, suite à la fondation par le pape Pie IX d’une «Académie Sainte-Cécile», que le répertoire musical, entretenu et enrichi depuis le Moyen-Âge par des «Scola Cantorum» des grandes cathédrales européennes, a été peu à peu repris et s’est propagé jusque dans les paroisses par la création des Chorales Sainte-Cécile. Dans le Jura, suite à la crise du Kulturkampf et au renouveau de la musique liturgique, les sociétés chorales se sont développées et la Fédération de ces sociétés a été créée en 1879.
 
Le but des « Sainte-Cécile »
Comme la Sainte-Cécile se réunit habituellement une fois par semaine pour des répétitions, les chanteurs et chanteuses ont tout le loisir d’apprendre de beaux chants, à l’unisson ou à plusieurs voix. Pourtant, l’objectif de la chorale n’est pas de chanter tous les chants de la messe en polyphonie, mais, par le chant, la Sainte-Cécile doit aider l’assemblée à prier. Elle le fait par trois sortes de chants, que l’on devrait retrouver dans chaque célébration dominicale: d’abord, des chants que toute l’assemblée (y compris la chorale) chante - puisque l’assemblée dominicale est réunie pour louer le Seigneur; ensuite, des chants qui sont dialogués entre la chorale et l’assemblée (par exemple refrain et couplets d’un chant, ou refrain et versets d’un psaume...) - cela permet une participation active de tous ; enfin des chants que la Sainte-Cécile chante seule et que l’assemblée écoute - cela offre à l’assemblée la possibilité d’intérioriser le mystère de Dieu par la musique, et à la Sainte-Cécile d’exécuter les belles œuvres du répertoire liturgique.
 
La fête des Céciliennes
Les sociétés Sainte-Cécile se retrouvent pour une fête centrale (tous les six ans) qui alterne, trois ans après, avec une fête régionale. C’est l’occasion pour les Céciliens et Céciliennes de se retrouver, de célébrer le Seigneur ensemble, d’apprendre un répertoire commun qui les unit, et de passer de bons moments de convivialité. En plus, quelques sociétés préparent un concert dont la haute qualité musicale est un stimulant pour tous. La dernière fête centrale a eu lieu à Courroux en 2016 ; la prochaine fête régionale pour l’Ajoie et le Clos du Doubs, aura lieu le dimanche 19 mai 2019, à Courtemaîche.
 
Les défis pour l’avenir
Bien sûr, à l’image de nos assemblées dominicales, le nombre des membres de nos chorales est en baisse constante. Et comme les paroisses d’autrefois sont devenues des Unités pastorales, les Sainte-Cécile aussi doivent s’adapter, se regrouper, chanter moins souvent. Cette nécessaire restructuration est en cours et en perpétuelle adaptation. Une chose est certaine: le visage de nos assemblées dominicales, et avec lui l’animation, continueront de se modifier. Pour l’instant, nos chorales sont vivantes, et toutes les voix y sont les bienvenues. Elles apportent le meilleur d’elles-mêmes à des assemblées dominicales heureuses et reconnaissantes de pouvoir bénéficier d’une animation.
 
Abbé Pierre Girardin